Carrière de grès rose Barrier dite du Routin, puis carrière et usine de fabrication de matériaux de construction de la Société Anonyme des Carrières de l'Ouest, puis de la Société des Carrières de Fréhel (Fréhel)
— Fréhel (Côtes-d’Armor)
📝 Description
Ce site patrimonial est un élément du patrimoine breton situé en milieu isolé à Fréhel. Son origine remonte aux périodes suivantes : 4e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle, 1875, 1924. Historique : Les carrières littorales du Routin sont créées en 1886 par Emile Barrier, entrepreneur au Mans (72). L'extraction s'effectue dans deux centres principaux : la Carquois et au Vieux Bourg, ces deux exploitations étant reliées entre elles, vers 1900, par un chemin de fer longeant la falaise. Sous la direction d'Emile Barrier, la société comprendra plusieurs sites d'extraction complémentaires situés dans le département des Côtes d'Armor : à la Fosse-Evrand, au Cap d'Erquy et sur cinq îles des Iles Grandes. En 1891, Emile Barrier fonde la Société Anonyme des Carrières de l'Ouest, dont le siège est à Paris (75), et qui possède, en outre, des exploitations à Voutré en Mayenne (53), à Cherbourg et Lithaire dans la Manche (50), à Perrières et May-sur-Orne dans le Calvados (14), enfin à Domfront dans l'Orne (61). En 1892-1893, pour faciliter l'embarquement et l'exportation des matériaux extraits, E. Barrier fait édifier, à l'est de la grève de Minieu, un port qui se compose d'une jetée-abri, d'une longueur de 70 m, suivie d'un quai long de 80 m qui s'enracine dans la falaise ; la jetée consiste en un mur de 3 m de largeur au sommet, construite avec du mortier de ciment, de chaux hydraulique et de sable. Ce port est le lieu d'expéditions quotidiennes de 100 t de produits tirés de la falaise. En 1893, cinq logements et un logement-bureau sont édifiés à la Carquois. Un an plus tard, deux autres logements sont construits au même endroit, ainsi que trois nouvelles maisons et une forge à la Lande. En 1896 et au cours des années suivantes, de nouvelles constructions sont réalisées : une maison à la Lande, une forge à la Fosse en 1897, une maison au Vieux bourg et une à la Grande Lande en 1900, puis une nouvelle forge au Routin en 1901. Au début du 20e siècle, les seuls produits fabriqués, à partir de l'extraction de grès quartzite rose à grains fins, sont des pavés et du macadam expédiés par bateau de la carrière de la Carquois où se trouve le port Barrier. Dans les années 1920, les pavés sont expédiés, pour l'entretien des rues, à Paris (75) et dans des villes du nord et de l'ouest de la France comme Dunkerque (59), Calais (62), Boulogne (62), Le Havre (76), Rouen (76) ou encore Bordeaux (33). L'expédition s'effectue par bateau au départ des carrières ; les pavés sont conduits par wagonnets Decauville au port Barrier. Ultérieurement, la construction de la ligne de chemin de fer Yffiniac-Matignon-Lamballe-Pléneuf permet d'exporter les produits sur Paris (75) par voie ferrée, via Lamballe (22), sans passer par la voie maritime de Saint-Malo (35). En 1925, la production annuelle atteint environ 35 000 pavés (de 10 kg) et 1200 t de macadam. En 1929, les Carrières de l'Ouest subissent de plein fouet la crise, jusqu'alors les pavés produits étaient exportés dans toute l'Europe. La production, toujours destinée au génie civil, évolue ensuite avec les nouvelles techniques de construction des routes. En 1938, mention d'une usine d'enrobage au port Barrier comprenant un malaxeur actionné par une locomobile mi-fixe et une chaudière pour le réchauffage du liant. A cette date, la production atteint 24 000 t de graviers, 1 100 000 pavés mosaïques, 5000 t de sable ordinaire de concassage et 5000 t de macadam, les concassés étant vendus dans les départements des Côtes d'Armor et d'Ille-et-Vilaine, et les pavés dans la région parisienne et vers le nord de la France. La production des pavés est stoppée après la Seconde Guerre mondiale. Les matériaux font désormais l'objet d'un concassage. Après 1950, la société prend une nouvelle orientation et se spécialise dans les matériaux destinés à la fabrication du béton, et ponctuellement à quelques grands chantiers comme le Barrage de la Rance. De 1952 à 1994, le port Barrier est laissé à l'abandon. Jusqu'en 1990, la société, devenue Carrières de Fréhel, continue d'évoluer au rythme des nouvelles technologies et des nouveaux matériaux mis en oeuvre dans les travaux du génie civil. Le grès est concassé pour en faire du sable qui entre à 50 % dans la fabrication du béton. La société est alors le fournisseur de toutes les centrales à béton de la région (onze au total) situées entre Saint-Malo (35) et Paimpol (22). De 1994 à 1995, bénéficiant d'un important chantier d'enrochement à Jersey, la société reconstruit son ancien port qui lui permet encore aujourd'hui d'importantes exportations sur toute la côte britannique sud ; 30 % de sa production est exportée. Sa clientèle internationale compte notamment Lafarge, Tarmac, RMC... Les carrières de Fréhel, toujours en activité, sont spécialisées dans la fabrication de matériaux microrugueux très appréciés pour former la couche de roulement des routes, essentiellement britanniques.En 1920, l'exploitation se fait exclusivement au moyen de coups de mine et à la main. En 1925, la force motrice nécessaire au concassage de la pierre et à la production d'air comprimé pour le forage des trous de mine et la fente des blocs est fournie par un moteur à gaz pauvre Winterthur de 75 ch et par un moteur portatif Aster de 12 ch monté sur voie Decauville de 0, 50 m. Cette voie Decauville, de 2700 m de long, établie le long de la côte, conduit au port Barrier ; les produits y sont amenés par traction animale. En 1930, un procès verbal de visite des lieux mentionne l'existence d'un moteur diesel de 100 ch actionnant un concasseur qui peut produire 100 m3 de pierres cassées par jour, ainsi qu'un compresseur et un moteur actionnant le plan incliné pour le montage du macadam au niveau du chemin de fer départemental. Un autre concasseur actionné par un moteur à gaz pauvre de 75 ch peut produire 100 m3 de macadam par jour qui est expédié par bateau. En 1938, l'énergie est fournie par la Cie Lebon sous 15 000 V.En 1925, le personnel des Carrières de l'Ouest comprend cent vingt ouvriers, dont un tiers est occupé à l'abattage, un tiers à la confection des pavés dont une dizaine d'enfants employés au débosselage des pavés, et un tiers à la manipulation des produits et au concassage du macadam. En 1932, deux cent dix ouvriers travaillent sur le site. Ce site fait partie de l’inventaire du patrimoine breton. Voir le dossier complet